Les Zooms 2020

Découvrez la 11e édition des Zooms du Salon de la Photo !

#ZOOMS2020

Afin d’encourager et de mettre en valeur la profession de photographe, le Salon de la Photo a initié en 2010 « LES ZOOMS », deux prix qui sont décernés, l’un par le public, l’autre par la presse spécialisée photo. Les résultats ont été proclamés le 6 octobre 2020, retrouvez les gagnants ici !

Douze rédacteurs en chef ou directeurs de rédaction de la presse photo ont désigné chacun un photographe professionnel « émergent » (français ou installé en France), un vrai coup de cœur pour un talent encore peu connu ou pas assez reconnu. Une exposition de 10 photos des 2 lauréats sera organisée au Salon de la Photo 2020. Ils auront, par ailleurs, l’opportunité de montrer leurs travaux en février 2021 au salon CP+ de Yokohama, partenaire du Salon de la Photo depuis plusieurs années. De même, les 2 gagnants japonais des « Zooms CP+ Editors’ Photo Award et Public Award » de 2020 seront eux aussi exposés au Salon de la Photo à Paris. Et, comme l'année dernière, les amoureux français et japonais de la photographie pourront voter pour désigner les vainqueurs des concours de chacun des deux pays. 

Présidé par la photographe Jane Evelyn Atwood, le jury a choisi ses talents* :

Marguerite Bornhauser, présentée par Eric Karsenty, rédacteur en chef du magazine Fisheye

Agathe Catel, présentée par Yann Garret, rédacteur en chef du magazine Réponses Photo

Mathilde Fanet, présentée par Stéphane Brasca, directeur de la rédaction du magazine de l’air

Aurélien Gillier, présenté par Léonor Matet, iconographe, et Dimitri Beck, directeur de la photo du magazine Polka

Julia et Vincent, présentés par Agnès Grégoire, rédactrice en chef du magazine Photo

Clémence Losfeld, présentée par Damien Roué, rédacteur en chef de Phototrend

Jacques Maton, présenté par Vincent Trujillo, directeur de la rédaction du magazine Le Monde de la Photo

Marie Mons, présentée par Didier de Faÿs, rédacteur en chef de Photographie.com

Arnaud Moro, présenté par Renaud Labracherie, rédacteur en chef adjoint, Les Numériques

Sophie Rodriguez, présentée par Cyril Drouhet, rédacteur en chef au Figaro Magazine

Marion Saupin, présentée par Gérald Vidamment, rédacteur en chef du magazine Compétence Photo

Kamil Zihnioglu, présenté par Nicolas Jimenez, directeur photo, Le Monde

Téléchargez le dossier de presse complet des Zooms du Salon de la Photo 2020

(* Présentation des candidat.e.s par ordre alphabétique)

Fisheye : Marguerite Bornhauser

Collage Marguetie Bornhauser

Eloge

Marguerite Bornhauser est une photographe emblématique d’une génération qui s’affranchit des contraintes documentaires et conceptuelles pour laisser s’exprimer ses sensations à travers les lumières et les couleurs qu’elle compose en toute liberté dans ses images. Après avoir suivi la piste du romancier américain Dashiell Hammett avec sa Moisson rouge, Marguerite Bornhauser prolonge ses explorations dans des tonalités plus sombres, en se laissant guider par les paroles de Neil Young : « The sky is blue and so is the sea. What is the color when black is burned ? » Black is burned, sa nouvelle série qui rassemble des clichés pris au Japon, en France et en Italie, fait la part belle aux ombres, pour mieux mettre en valeur les lumières d’un été passé et nous en livrer ses voluptés. 
Eric Karsenty

Marguerite Bornhauser

 

Biographie

Diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles après des études littéraires et journalistiques, Marguerite Bornhauser, 30 ans, a déjà présenté son travail dans plusieurs festivals, en France comme à l’étranger. La Maison européenne de la photographie lui a même confié son espace dédié à la photographie émergente l’été dernier. Elle travaille régulièrement avec la presse française et internationale en tant que reporter et portraitiste, et comme photographe de mode pour différentes marques.

  

Réponses Photo : Agathe Catel

Collage Agathe Catel

Eloge

Agathe confesse qu'elle a mis du temps à trouver sa place dans le monde, et que c'est sans doute ce qui l'a amenée vers le monde du cirque, auquel elle consacre une grande partie de son travail. Le cirque est pour elle le lieu de la différence et de l'interculturalité. "Donner à voir la différence, dit-elle, c'est la rendre belle aux yeux de tous".  Pendant deux mois, Agathe a partagé le quotidien des artistes du festival de cirque international cubain, une manifestation qui organise chaque année une tournée de 75 représentations à travers le pays. Mais plutôt que vers le spectacle, c'est derrière le grand rideau de la piste que l'objectif d'Agathe s'est tourné, au plus près de l'intimité de ces artistes cubains, mexicains, colombiens ou vénézuéliens, dans les temps d'entraînement ou de préparation, mais aussi dans des moments de solitude et de mélancolie. 
Yann Garret

Agathe Catel

 

Biographie

Agathe Catel est une photographe voyageuse, membre de l'agence Hans Lucas. Elle s'est formée sur le terrain, via de multiples workshops et auprès de photographes comme Pierrot Men, qui est l'une de ses influences principales et dont elle partage la vision humaniste. Agathe est née en 1985 à Céret, dans les Pyrénées- Orientales. Après des études de langues étrangères et de traduction à l'Université de Perpignan, puis à Barcelone et à Bergame, elle a enseigné le français en Angleterre, à Madagascar et au Brésil. Elle vit aujourd'hui à Montpellier et, à côté de son travail de photographe,  anime des ateliers de théâtre, compose et interprète des chansons. Elle tire de ses multiples expériences cet amour de la diversité qui est le moteur de son travail photographique.  

 

De L'Air : Mathilde Fanet

Collage Mathilde Fanet

Eloge

Pour les 20 ans du magazine de l’air, nous avons décidé de parrainer la candidature d’une photographe guère plus âgée que nous, Mathilde Fanet. Cette jeune artiste, déjà très talentueuse, est en 3ème et dernière année à l'Ecole de l'image Gobelins à Paris. Etablissement qu'elle a rejoint après avoir été diplômé des Beaux-Arts de Rouen. Son écriture totalement originale, inspirée notamment par Roger Ballen et Tim Burton, mais aussi par les jeux de rôle, la BD, les films gore et les séries Z, nous a séduit. Elle fait preuve, à son âge, et malgré une expérience infime, d'un style qui laisse présager une belle carrière dans le monde de l'image. Cette jeune normande se distingue par ses impeccables mises en scène, son désir de transgresser avec humour, sa maîtrise de la lumière et de la couleur. Elle est aussi douée en vidéo, intolérante à Photoshop, et pour ses autoportraits ou ses scénographies un rien macabres (elle a beaucoup appris lors d'une stage chez un taxidermiste!) mais pleine d'autodérision, elle révèle des talents de bricolage et de système D dignes d'une artiste que nous avions présenté aux Zooms il y a quelques années, Elene Usdin (qui depuis poursuit une magnifique carrière). On sent aussi chez elle un petit quelque chose du photographe-plasticien-installateur et bricoleur Nicolas Henry avec qui elle a fait un long stage.Volontaire, enthousiaste, Mathilde a assisté entre 2019 et 2020 le photographe Lewis Bush, lauréat de la résidence BMW abritée par les Gobelins. 
Stéphane Brasca

Mathilde Fanet

 

Biographie

Née le 17 juin 1994 en Normandie, Mathilde Fanet a intégré en 2012 l’Ecole des Beaux-Arts de Rouen. Après son DNSEP (Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique) avec les félicitations du jury, elle intégre l’Ecole de l’Image Gobelins, grâce à la bourse BMW (le constructeur abrite sa fameuse résidence photo à l'école et offre un soutien financier à quelques étudiants). Elle en sortira cette année, au bout de trois années d'étude où elle a pu développer notamment sa formation dans le domaine de la photographie. 

 

 

Polka : Aurélien Gillier

Collage Aurélien Gillier

Eloge

Quand Aurélien Gillier se rend pour la première fois au Burkina Faso en janvier 2016, il a en tête de réaliser un sujet sur les courses hippiques. Il y passe un mois, logé dans un quartier populaire de Ouagadougou, et alors qu’il boit un verre avec des amis, un attentat se produit à quelques kilomètres de là. Il pense à couvrir l’événement mais un homme fait irruption dans le bar. Lui, c’est Don Carlos, plus connu sous le nom de « Shérif de Ouidi ». « Votre sécurité est entre les mains du Shérif », proclame-t-il, ivre, et demande en échange quelques clopes et des bières. Le décor est planté ! La pénombre transforme le troquet en saloon et le protagoniste de ce qui deviendra cette nouvelle série entre en scène.
Depuis quelques temps, Aurélien Gillier était à la recherche de cette personnalité locale. Leur rencontre inopinée le décide à raconter l’histoire des cowboys modernes d’Afrique de l’Ouest, une histoire qui mêle la tradition hippique du peuple Mossi datant de l’époque médiévale aux codes du western américain. « Le rêve du Shérif, c’était d’être John Wayne, raconte le photographe. Les Africains ont très rapidement eu accès à des Westerns et n’ont pas cherché un instant à jouer le rôle des Indiens. Eux, ce qu’ils voulaient, c’était être les Cowboys, les dominants, pas les dominés ». Le Shérif incarne un rôle dont il est intimement convaincu, s’invente un personnage, une vie familiale même, et se sent investi d’une mission de sécurité dans le quartier. Il y fait régner sa loi, recadre ceux qu’il considère comme des « brigands », ces bandes qui traînent et commettent des petits larcins.
Mais les cowboys, ce sont eux. Des gamins des rues qui ont quitté l’école et se font recruter, dès le plus jeune âge, dans le monde du cheval. Ils s’occupent des bêtes, sont cavaliers, jockeys, écuyers, dresseurs ou entraîneurs. Pour gagner quelques deniers, ils préparent les chevaux pour quelques festivités, des mariages, des attractions. Cavaliers acrobates, ils paradent lors d’événements culturels tels que le Fespaco - le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, équivalent national du Festival de Cannes –, mais aussi lors des cérémonies officielles, aux côtés du roi Mossi et du président de la République. Pour les propriétaires des chevaux, de riches burkinabés, l’animal, symbole de l’identité africaine traditionnelle, est un signe d’apparat.
Pour contrer l’ennui entre les rares festivités, les jeunes cowboys organisent des courses, plus ou moins officielles, dans l’hippodrome de la capitale chaque dimanche à 15 heures. L’argent circule. Les bandes rivales se toisent. On joue les gangsters dans une ambiance macho.
Entre documentaire et fiction, Aurélien Gillier relate le quotidien de ces cavaliers marginaux, premiers rôles d’une épopée chevaleresque qui s’écrit dans un autre far west.
Léonor Matet

Aurélien Gillier

 

Biographie

Né à Paris en 1983, Aurélien Gillier se consacre à la photographie après des années d’un doctorat à l’EHESS consacré aux émeutes de Détroit en 1967. Envoyé régulièrement en Afrique par la Banque Africaine de développement, il réalise de nombreux reportages en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Sénégal, au Togo, au Burkina Faso. Sa pratique est nourrie par sa formation d’historien. La série « Les cowboys sont toujours noirs » est encore en cours, mais il s’intéresse également aujourd’hui à la place des rumeurs et des théories du complot en Guinée Conakry, un travail à la croisée de l’enquête sociologique et de l’approche artistique.

 

 

Photo : Julia et Vincent

Collage Julia et Vincent

Eloge

Cette année, c’est un duo de créatifs que PHOTO présente : Julia et Vincent ! A deux, les idées rebondissent mieux !
Ils ont une certaine notoriété dans le milieu de la musique grâce à la réalisation de leurs clips (Hamza, L’Impératrice, Myth Syzer…) mais sont émergents et encore méconnus sur le territoire de la photographie.
Leurs études en Arts appliquées leur ont permis tout d’abord de se rencontrer et ensuite de construire un univers qui leur ressemble. A travers un regard toujours bienveillant, ils y explorent objets et situations banales du quotidien, mis en scène avec un brin d’impertinence et beaucoup, beaucoup de sensualité.
En parallèle de commandes de mode et de réalisations publicitaires (Isabel Marant, Kenzo, Jean Paul Gaultier, By Far…), Julia et Vincent développent des projets personnels qu’ils chérissent. Comme « Le Grand Est », un livre d’amour dédié à leur région, qui, entre mode et reportage, documente l’Alsace comme on ne l’a jamais vue.
Leurs références photographiques vont de Helmut Newton et Guy Bourdin, en passant par David LaChapelle, Donna Trope, Martin Parr, Camille Vivier… et Jane Evelyn Atwood, bien sûr, c’est la présidente du Jury des ZOOMS 2020 !
Que ce soit pour des clips ou des photos, leurs images ont déjà une forte identité. En argentique ou en numérique, elles sont surprenantes, kitsch, sexy, intelligentes, provocantes, engagées et pleines d’humour ; elles ressemblent à PHOTO ! On adore ! On partage ! @juliaetvincent
Agnès Grégoire

Julia & Vincent

 

Biographie

Nés respectivement à Mulhouse et Strasbourg, Julia et Vincent vivent et travaillent à Paris.
Ils se rencontrent en 2011 à Strasbourg pendant leurs études en Arts appliqués. 
Ils s'installent à Paris et commencent à travailler en duo à partir de 2014 à travers des travaux de commande, des projets éditoriaux et des recherches personnelles.
Leur livre « Le Grand Est » a été produit entre 2016 et 2017 : ce projet mélange souvenirs d'enfance, reportage sur leur région et mises en scènes entre mode et fantasmes."

 

 

Phototrend : Clémence Losfeld

Collage Clémence Losfeld

Eloge

Entre photographie et performance artistique, Clémence Losfeld propose un nouveau rapport à l’espace bien connu de nos intérieurs. Sa série « L’élément du décor », débutée il y a plusieurs années, a pris une autre dimension lors de notre confinement printanier forcé. En questionnant les fonctions préétablies de notre mobilier, la photographe propose une série d’autoportraits contorsionnistes avec une pointe d’humour. Autour d’elle, c’est une relation nouvelle avec des lieux pourtant si familiers qui se dessine.
Marqué par une créativité brute et étonnante, ce travail photographique de Clémence Losfeld fait fi des tabous et de l’hypersexualisation du corps féminin en jouant à un jeu de Tetris humain là où on ne l’attend pas.
Damien Roué

Clémence Losfeld

 

Biographie

Clémence Losfeld est une photographe née en 1991 à Paris. Électrisée par différentes expressions artistiques, c’est à l’âge de 17 ans que la photographie prend naturellement le dessus et s’impose à ses yeux comme son médium de prédilection.
Son travail a fortement été influencé par le reportage et la photographie dite « sociale ». Clémence Losfeld observe la société avec le désir d’être saisie par l’imprévisible et le souhait d’approcher l’autre au plus près. Au cœur de ses réflexions : l’être humain dans tous ses états. En prise avec la réalité féroce, elle l’affronte de face et aborde les questions existentielles qui en découlent. La photographe traite aussi bien de sujets du quotidien que d’actualité qu’elle capture de manière artistique ou plus conceptuelle comme c’est le cas avec la série «L’élément du décor».
Le champ reste large, le regard à l’affut, elle retranscrit son point de vue dans un style abrupt, direct, instinctif parfois même incisif, mais toujours dans une démarche bienveillante avec souvent une pointe d’humour.
Aujourd’hui, elle travaille en tant que photographe freelance dans divers domaines et endosse une deuxième casquette de street artiste sous le pseudo La Dactylo.

 

 

Le Monde de la Photo : Jacques Maton

Collage Jacques Maton

Eloge

Les oiseaux de nuit
Évoquer cette série photographique, c’est comme essayer d’écrire une anthologie de la liberté. Pas simple ! Au premier regard on est bousculé par le choix du format, de la contre-plongée, de la verticalité et de la composition des clichés - ces corps qui parfois s’estompent dans l’image pour mieux figurer le mouvement ou l’ivresse d’un vol suspendu - ces contrastes prononcés ou le parti pris systématique du contre jour… Rien n’est vraiment académique. On s’économiserait de nombreux maux de tête à expliquer un tel travail à un photographe débutant. Aucun dogme n’est absolument respecté. Et c’est toute la magie de cette série et le talent de Jacques Maton. Il ne faudrait pas croire que seul un hasard heureux puisse offrir cette alchimie entre des choix techniques audacieux, une esthétique monochrome et un sujet aussi spectaculaire soit-il. « Les oiseaux de nuit » s’inscrit dans l’émotion, celle d’une photographie capable de faire l’économie des mots. L’expliquer c’est déjà dénaturer son propos ; il n’y a qu’à voir et admirer. Le résultat est bluffant car dans cette digression totale, le photographe signe un travail puissant et remarquable. Il vous invite à voir le monde avec une légèreté, une grâce et un abandon sans limites. Saisir ainsi la sensation vertigineuse du vol et sa spiritualité est une prouesse. Et jacques Maton l’a fait avec brio. L’homme devient oiseau, mais quel oiseau ? L’oiseau qui pense, l’aigle plus l’âme… disait Victor Hugo. 
Vincent Trujillo

Jacques Maton

 

Biographie

Jacques Maton découvre la photographie à l’âge de 16 ans avec un réflex argentique fabriqué par son grand-père. Dans un petit labo de fortune, il développe ses premières pellicules noir et blanc. La photographie s’impose alors à lui comme une évidence à la découverte de ses premiers clichés.
Sa formation de graphiste, métier qu’il exerce quelques années avant de devenir directeur artistique d’un groupe de presse parisien. Il collabore régulièrement avec des photographes, ce qui réanime sa passion d’adolescent. Technique et théorie ne le passionnent pas, il se documente, recherche l’émotion dans le travail des autres : Salgado, Depardon, Adelman, Greene, Kenna... Et puis, un jour, c’est une évidence : il abandonne son travail pour se consacrer uniquement à la photographie. Jacques Maton est aujourd’hui photographe indépendant, son travail s’inscrit dans une démarche documentaire à la frontière entre journalisme et photographie d’art, avec une attention accordée aux minorités. Parallèlement à ses travaux personnels, il répond à des commandes (portrait, événementiel, reportage) principalement pour des maisons d’édition, des agences de communication, des magazines, des artistes, des associations. Au-delà de la narration, il privilégie une approche intimiste, se laissant surtout guider par la poésie de l’instant. Univers aquatique ou monde végétal, paysages ou enfants d’un orphelinat de Saïgon, coulisses de défilés ou intimité des gens du voyage. Son travail photographique nous révèle la dimension sensuelle et humaine des sujets qu’il aborde.

 

 

Photographie : Marie Mons

Collage Marie Mons

Eloge

Toutes les couleurs des mots
Nous sommes tous photographes aujourd’hui. S’adresser au monde, c’est alors témoigner par la photographie d’un engagement essentiel. L’engagement peut-être politique ou poétique, c’est le parcours qui en donne sa valeur.
Celui de Marie Mons, alias Aurore Colbert est ponctué de livres à compte d’auteur, de pierres blanches qu’elle nous lance. Regardez-moi, dans toute ma différence que vous voyez en pleine gueule, j’existe. L’existence pour le photographe, c’est l’histoire racontée, la sienne ou celles des autres. Et la jeune photographie conjugue les deux. Regardez-moi, mon histoire c’est la nôtre.
De l’exil insulaire de l’Islande à la Martinique, Aurore, Marie nous emmènent à traverser nos identités. Le voyage initial au cœur des contrastes gelés est violent. Elle est née de cette différence. La différence est toujours violente. Le contraste de la glace à l’obscurité se révèle dans les emails initiatiques et les psalmodies des chamans. Chaque photographie est une renaissance qu’elle nous impose.
Sa vie se sur-impose en une odyssée où résonne l’onde de choc du racisme structurel anglo-saxon atteignant les racines de l’Europe. Traversant l’Atlantique en trois voyages vers l’île antillaise, sa photographie nous révèle notre histoire, celle d’il y a quatre cents ans –peut-être en filigrane– mais avant tout celles écrites par les Césaire, Glissant, Confiant ou Chamoiseau.
De la nuit polaire, le temps de la maternité, les mots, l’émoi de la photographie ont rejoint leurs textes de noirs et de blancs. Dans ce retour aux sources, la photographie ajoute ses couleurs à fleur de peau, de cannelle à sapotille, de griffe à chabine. Et le portrait est alors bien dressé, avec superbe, avec humanité : la nôtre, si contemporaine, car la photographie de Marie Mons nous fait voir le sens de l’Histoire où sa réalité mise en scène, laisse entrevoir la différence dans toute sa beauté.
Didier de Faÿs

Marie Mons

 

Biographie

Artiste visuelle diplômée de l’École Supérieure d’Arts Graphiques Penninghen, Marie Mons –née en 1984– envisage l’auto-portrait comme une échappatoire qui permet de poser sur soi son propre regard distancié et ainsi de se libérer de celui des autres. Au fil de résidences artistiques et déplacements à l'étranger, elle a développé un travail pluridisciplinaire où résonnent contrées personnelles et paysages géographiques. Naturellement porté vers les îles, les opus Aurore Colbert Islande puis Un sourire de Case-Pilote qui se déroule en Martinique, cristallisent les notions de repli sur soi, d'enfermement, mais aussi d’évasion. Une invitation à la fois à l'introspection et à l'exploration du monde. Au-delà de la saga familiale à la recherche de son défunt grand-père, elle mène aujourd’hui un projet d’échange et de transmission afin de donner la parole aux jeunes créoles sur leur identité propre.

 

 

Les Numériques : Arnaud Moro

Collage Arnaud Moro

Eloge

The Wall
C’est en plein confinement et alors qu’un virus dresse des murs entre les humains qui nous privent de nos libertés les plus élémentaires, que je découvre la série d’Arnaud Moro. Et c’est une véritable ode à l’évasion qui s’offre à moi, un océan lumineux dans lequel il est possible d’évoluer sans contrainte, sans repère où il est parfois bien difficile de distinguer le haut du bas. Mais qu’importe, car les baigneuses, telles des sirènes, nous invitent à les rejoindre, à dépasser nos peurs et à franchir ce mur de la réalité. Une surface entre eau et air, qui comme un portail, nous permet de nous immerger dans un autre monde, un univers à la fois chaleureux et rafraîchissement duquel nous n’avons nulle envie de nous échapper.
Renaud Labracherie

Arnaud Moro

 

Biographie

Arnaud Moro est un jeune photographe autodidacte et réalisateur originaire du Sud de la France. Après l’obtention de son diplôme d’architecte à Marseille et une carrière toute tracée dans une agence londonienne, il décide de changer de voie en utilisant son premier appareil photo, en 2011.
Il découvre, alors, le monde de la production audiovisuelle.
Au fil des années, Arnaud met en place son univers et son rendu colorimétrique empreint de références cinématographiques. Son environnement ? La nuit. Sa lumière ? Artificielle.
Son champ de travail est large, il saisit tant la rue que l’architecture, les portraits, les paysages et les villes.
Il produit des séries personnelles, telle en 2018, Glow, succession de scènes urbaines nocturnes mettant en scène une jeunesse aux airs rebelles et sensuels, et réalise, aussi, des campagnes publicitaires.

 

 

Figaro Magazine : Sophie Rodriguez

Collage Sophie Rodriguez

Eloge

L’humilité est quelque chose qui manque parfois cruellement à notre profession. Ancienne sportive de haut niveau, Sophie m’a immédiatement frappé par sa modestie et sa capacité à accepter les critiques et les conseils pour s’améliorer. On sent que cette énergie qui l’a menée jusqu’aux Jeux Olympiques et aux marches du podium des championnats du monde est toujours là, transformée, chevillée au corps et alimentant une rigueur de travail et un perfectionnisme hors-norme. Formée au photojournalisme, elle n’exclue jamais de se nourrir d’une autre grammaire photographique pour enrichir son écriture. Un profil atypique derrière lequel se cache un immense potentiel pour notre métier.
Cyril Drouhet

Sophie Rodriguez

 

Biographie

Née en 1988 à Echirolles, près de Grenoble dans le cœur des Alpes françaises, Sophie Rodriguez a embrassé une autre passion avant celle de la photographie : celle de la montagne et du snowboard. Un élan qui la mènera à participer quatre fois aux Jeux Olympiques d’hiver et à obtenir une médaille de bronze aux championnats du monde. En 2018, Sophie décide de mettre un terme à sa carrière d’athlète professionnelle pour se tourner vers la photographie. Au terme d’une formation à l’EMI-Cfd (Ecole des métiers de l’information), elle remporte le Prix Spécial étudiant du Jury des 70 ans de Paris Match dans le cadre du Grand Prix organisé par le magazine. Elle collabore depuis avec divers titres de la presse quotidienne et magazine française, tout en se laissant du temps à des travaux plus personnels.

 

 

Compétence Photo : Marion Saupin

Collage Marion Saupin

Biographie

C’est l’histoire d’une myriade d’objets jetables et d’emballages à utilisation unique ; tous certifiés non garantis à vie. À en croire notre folie consumériste, ils seraient néanmoins absolument indispensables à notre bien-être. Tantôt contenants, tantôt contenus, ils envahissent la planète, capitonnent les fonds marins, et finissent par gagner notre indulgence, se rendant alors avantageusement invisibles.
Mais c’est aussi une histoire d’anticipation, où lesdits objets, une fois leur cycle éphémère effectué, entament finalement une seconde existence, durant laquelle ils ne font désormais plus qu’un avec notre corps, épousant nos formes, accompagnant nos gestes, dirigeant nos sens. Cette fois, c’est nous qu’ils emmaillotent, empapillotent, encapuchonnent ; toujours à notre insu. Cette fois, c’est nous le produit. Humains reconditionnés par paquets d’un exemplaire ; pelliculage à discrétion. Naît ainsi une génération mutante d’êtres radieux en apparence, hautement stylisés, et progressant inexorablement dans une lumière aveuglante. Ce défilé de dupes qui se joue devant nous finirait presque par nous emballer, nous faire rêver ; alors qu’au même instant, c’est une douce asphyxie doublée d’une oppressante indifférence qui ponctue l’ultime acte d’une espèce définitivement déboussolée.
Intitulée Re-cycle, la série de Marion Saupin nous confronte à notre capacité inébranlable à faire fi d’une réalité connue de tous. Et qu’importe si l’objet d’insouciance se retourne contre nous. Nous aurions déjà gagné haut la main notre perte. Emballé, c’est pesé.
Gérald Vidamment

Marion Saupin

 

Eloge

Née en 1992, Marion Saupin est une jeune photographe bretonne de 28 ans. Passionnée d’art, elle rejoint Paris pour étudier. Après un BTS photographie au lycée Auguste Renoir dans le 18e arron-dissement où elle découvre toutes les possibilités qu’offre le travail de portrait et de la mise en scène, elle poursuit ses études avec une licence Photographie et art contemporain à l’université Paris 8. Son goût pour la mise en scène et le portrait se confirme.
Elle construit ses images en studio et fait jouer des personnages à ses modèles en leur contant l’histoire de ces êtres imaginaires. Son travail est centré sur les thèmes du rêve, de l’étrange et du bizarre. Elle tente de transporter le spectateur dans un univers décalé, doux et poétique, sans repères afin de laisser libre cours à l’imagination, tout en intégrant l’étrangeté de façon subtile. La plupart de ses photographies sont relativement épurées, intemporelles, et très inspirées de la peinture et de la photographie ancienne.
Elle travaille pour des artistes et créateurs en photographie de portrait, nature morte et reportage. Elle est également photographe culinaire, abordant la prise de vue de la même manière que celle dédiée au portrait.

 

 

Le Monde : Kamil Zihnioglu

Collage Kamil Zihnioglu

Eloge

Vous avez forcément vu une de ses photos, sans forcément le connaître. Des rues de Paris la nuit des attentats, à l’Arc de Triomphe lors des manifestations de gilets jaunes, en passant par les obsèques de Jacques Chirac, Kamil est un jeune photojournaliste qui fait ses armes pour l’agence AP (excellente école de la précision journalistique s’il en est). Mais Kamil développe dans ses projets personnels une écriture photographique, plus intuitive, moins en tension et plus dans l’émotion. Le résultat est précis, maitrisé et sensible. Les lumières sont belles. Il est de cette jeune génération, en mouvement, qui questionne sans cesse les diverses pratiques photographiques sans les opposer.
Nicolas Jimenez

Kamil Zihnioglu

 

Biographie

Né en 1993 à Paris, Kamil Zihnioglu découvre la photographie dès son enfance avec ses deux parents travaillant dans ce corps de métier. L’image prend alors très vite une place prépondérante pour exprimer ce qu’il ressent. Il reçoit son premier appareil photo à 14 ans et commence à documenter son entourage. Entre 2012 et 2013, il effectue à Berlin un stage comme photographe avec l’ancienne agence de presse allemande DAPD, suivi d’une expérience comme iconographe avec le quotidien allemand Bild Zeitung, où il apprend toute la chaîne de production du métier de la photographie de presse. Kamil revient à Paris en 2014, où il travaille comme photographe indépendant pour l'agence photo Sipa Press et en 2015 pour l'agence de presse internationale Associated Press, tout en poursuivant ses études à l’École de Condé dans la section photographie. Il obtient son diplôme en 2017 avec un projet à long terme nommé ‘Epilogue’, retraçant les 322
derniers jours du quinquennat de l’ancien président français François Hollande.
Au cours de ces 3 dernières années, Kamil a continué à développer sa passion pour le photojournalisme et la photographie documentaire. Il se concentre sur des projets documentaires plus approfondis en parallèle de son travail quotidien avec AP et le journal Le Monde. Il travaille actuellement sur un projet personnel s’intitulant « Qui, ancu i muntagni si scontrani » (« Ici, même les montagnes se rencontrent ») témoignant de l’identité culturelle de la jeunesse Corse.