Deux expositions à découvrir par l’artiste italienne Patrizia Mussa, l’une dans le magnifique hôtel Gallifet de l’Institut culturel Italien, rue de Varenne et l’autre à partir du 13 mars à la prestigieuse galerie XII dans le Marais à Paris.

Depuis de nombreuses années, Patrizia Mussa a sillonné toute l’Italie pour constituer son regard très personnel sur les théâtres dites à l’italienne. Utilisant des techniques de peinture, en intervenant sur les images, elle crée une vision hors temps et onirique de ces temples de l’opéra et de théâtre parfois oubliés.

Gran Teatro La Fenice, VeniseGRAN TEATRO LA FENICE, VENISE © Patrizia Mussa

L’Institut culturel italien de Paris a inauguré, le 28 janvier 2025, l’exposition Patrizia Mussa. Théâtralités au sein des espaces prestigieux de l’Hôtel de Galliffet. Cette exposition présente une cinquantaine de photographies rehaussées d’interventions colorées à la main, dévoilant la théâtralité de l’architecture et la dimension scénique des théâtres italiens. Des premières structures permanentes de Vicence, Sabbioneta et Parme, jusqu’aux théâtres emblématiques tels que La Scala de Milan, le San Carlo de Naples, La Fenice de Venise, ou encore le Teatro Massimo de Palerme, chaque image raconte l’histoire d’un lieu où l’art rencontre la communauté.

Une approche unique entre photographie et peinture

Patrizia Mussa propose une lecture artistique originale : ses clichés, réalisés avec une lumière naturelle et une vision frontale, dépassent leur nature photographique grâce à l’ajout de pastels de couleur, évoquant à la fois la peinture et la tapisserie. Ce travail transcende le simple document architectural pour offrir une expérience personnelle et artistique.

Un hommage au théâtre comme lieu de rassemblement

À travers ces œuvres, l’artiste ne se limite pas à représenter un patrimoine architectural remarquable ; elle invite à redécouvrir l’essence même du théâtre, lieu de rassemblement, d’observation et d’échange, un espace vivant pour la communauté.

Teatro Di Corte Della Reggia, CasertaTEATRO DI CORTE DELLA REGGIA, CASERTA © Patrizia Mussa

…Ce joli mot qui définit l’écriture avec la lumière, en parlant de son travail, n’est pas suffisant. Il faudrait un néologisme. Car Patrizia Mussa ajoute à la photographie des couleurs et des tactilités inhabituelles, qui transforment et modifient par voie de conséquence notre relation avec les images. Je vois des théâtres que je connais et que je ne reconnais pas. Je vois des théâtres que je ne connais pas et dont j’espère qu’ils soient comme elle les a vus. Pour Patrizia Mussa, la photographie n’est qu’un point de départ. Sa relecture de base est classique, géométrique, consolidée. Elle respecte l’espace, les volumes, l’histoire. Elle transcrit avec un respect documentaire. Puis elle intervient et le monde change. Et ici, je l’avoue, les mots deviennent insuffisants.

Extrait de l’article de Giovanna Calvenzi, éditrice photo et commissaire d’expositions

Teatro San Carlo, NaplesTEATRO SAN CARLO NAPLES © Patrizia Mussa

… Au début de son travail, Patrizia Mussa semble adopter majoritairement un point de vue frontal, se postant d’abord face à la scène qui s’offre au regard du spectateur, puis elle opère en contre-champ. L’objectif se tourne également en direction du plafond et le rideau se lève parfois sur un tableau, celle d’une pièce à venir. Peu à peu, son attention se transporte ailleurs: elle sort de la salle, explore en quelque sorte l’envers du décor, promène son regard dans le hall, le foyer et les coulisses. Elle photographie les chantiers de restauration de certains bâtiments, s’aventure même à l’extérieur…

La démarche de Patrizia Mussa suit une ligne étroite, subtile, entre la réalité et l’interprétation des lieux, entre l’acte photographique et le geste pictural; plus exactement le recours au pastel qui confère à l’image une atmosphère et une tonalité très particulières mais participe aussi du désir de se détacher sensiblement du monde réel, d’une forme de déréalisation. La combinaison de la technique de la photographie et d’une intervention manuelle constitue une écriture originale qui permet à l’artiste d’exprimer ce qui n’aurait sans doute pas pu être saisi dans un premier temps par la prise de vue…. Le pastel fait même naître comme un voile entre la réalité des lieux et la forme de souvenirs très personnels que Patrizia Mussa vient ici raviver; une part de mystère s’invite dans cette vision du monde de l’opéra et du théâtre. Notre œil flotte ainsi dans un entre-deux; à tel point que l’on hésite sur la véritable existence de ces architectures, comme si elles étaient sorties de l’imagination de l’artiste.

Extraits de l’article de Gabriel Bauret commissaire d’expositions

Teatro scientifico, MantoueTEATRO SCIENTIFICO, MANTOUE © Patrizia Mussa

Patrizia Mussa – Architecture de l’imaginaire

Il y a dans les œuvres de Patrizia Mussa quelque chose d’impalpable qui saisit notre regard : la transcendance des images – générée par l’artiste qui fait revivre l’imaginaire de ces lieux historiques par ses interventions au crayon et au pastel et rendue possible aussi par sa faculté à trouver un juste équilibre dans le processus de déconstruction et de reconstruction de l’image. Une réflexion partagée par les artistes avec lesquels collabore la Galerie XII, qui s’attache à promouvoir une photographie sensible et plasticienne. L’originalité de l’œuvre de Patrizia Mussa réside dans ce geste pictural avec lequel elle offre à ces espaces une identité choisie. Ils sont les acteurs avec lesquels elle partage la scène et qui lui permettent de redéfinir la notion première de photographie. C’est ici que son intention artistique rejoint le sujet même du théâtre et des espaces scéniques, dans lesquels se détermine l’art de jouer, dire et montrer. Son regard de photographe se pose sur les détails qui permettent à celui qui les observe de reconnaître les lieux auxquels ils appartiennent, tandis que ses interventions au pastel le font entrer avec intensité et douceur dans son imaginaire. Les images de Patrizia Mussa ne sont ni des photographies, ni des dessins, elles sont une parfaite combinaison des deux, qui questionne les pratiques et leur représentation de manière résolument contemporaine. Ce sont des portraits de lieux historiques conjugués au présent, construits par l’artiste pour répondre avec légitimité à l’une des destinations fondamentales de l’Art, celle de l’émerveillement.

Valérie-Anne Giscard d’Estaing fondatrice de la Galerie XII

Reggia Di CasertaREGGIA DI CASERTA © Patrizia Mussa

Patrizia Mussa vit et travaille entre Turin et Paris. Elle est diplômée en philosophie et s’est spécialisée en anthropologie culturelle. Elle a commencé à travailler comme photographe avec des reportages sportifs et géographiques. À Milan, dans les années 1970, elle travaille dans la publicité en tant que productrice, directrice de la photographie et réalisatrice de documentaires. En 1985, elle s’installe à Turin et travaille comme éditrice photo pour le Studio Livio et le Pacific Press Service de Tokyo ; elle réalise des reportages photos pour d’importants magazines d’architecture et de décoration d’intérieur et pour des groupes d’édition tels que Condé Nast et Taschen. La photographie d’architecture et d’intérieurs ainsi que le paysage sont les domaines fondamentaux de son activité professionnelle et de sa recherche. Elle a travaillé sur de nombreux projets, parmi lesquels récemment :

Teatralità. Architetture per la meraviglia, sous la direction de Antonio Calbi. Projet inauguré par une ex- position à Palazzo Reale à Milan en décembre 2023, exposé en juin 2024 à Palerme. Enrichi de nouvelles œuvres, il est exposé en 2025 à Paris, à Vicence et à Los Angeles.

Teatri Photopastel, une série dédiée aux théâtres italiens, réinterprétés et revisités à travers une habile coloration à la main. Exposition à la Fondazione Sandretto Re Rebaudengo de Turin et au Museo Ettore Fico sous le commissariat d’Andrea Busto.

Warless Theatres, consacré aux paysages de l’Afghanistan, du Yémen et de l’Éthiopie – avec des images prises lorsque les lieux étaient encore accessibles, réservoirs de cultures et de ressources – aujourd’hui réinterprétés avec de nouvelles séquences et un coloriage à la main sans précédent. Le projet a été sélectionné et exposé à la Biennale des photographes du Monde Arabe Contemporain à Paris.

Le Temple du Soleil, un regard particulier sur l’architecture de l’utopie du philosophe-architecte Jean Balladur, exposé au Palazzo Morando de Milan, au Domaine départemental Pierres Vives de Montpellier, conçu par Zaha Hadid, à la Villa Savoye à Poissy ainsi qu’à la Wilmotte Gallery dans les Li- chfield Studios de Londres.

La Buona Ventura, portraits d’Italiens à Paris, commanditée par Jean-Luc Monterosso, exposée à la Maison Européenne de la Photographie dans le cadre de la série Étranges Étrangers avec une exposition monographique pendant « Un Été italien » consacrée à la photographie italienne.

Les photographies de Patrizia Mussa ont été exposées et font partie d’importantes collections de musées tels que la Fondazione Sandretto Re Rebaudengo à Turin, le Museum of Photography à Moscou, la Maison Européenne de la Photographie à Paris, le Palais des Beaux-Arts de Lille, ainsi que de prestigieuses collections publiques et privées en Europe, aux États-Unis et en Extrême-Orient.

Informations pratiques

  • Lieu : Institut culturel italien de Paris - 50 Rue de Varenne - 75007 Paris
  • Dates : du mercredi 29 janvier au vendredi 4 avril 2025
  • Horaires : du lundi au vendredi, 10h00-13h00 / 15h00-18h00
  • Entrée : Libre


Organisé par Institut culturel italien de Paris en collaboration avec Studio Livio, Galerie XII.

Pour plus d'informations, visitez https://iicparigi.esteri.it/

Galerie XII Paris 13 mars - 10 mai 2025

  • 14 Rue des Jardins Saint-Paul - 75004 Paris
  • Mercredi-Vendredi : 14h-19h / Samedi : 12h-19h (sur rendez-vous en dehors de ces horaires)
  • www.galeriexii.com / 01 42 78 24 21