Ken Domon : Le maître du réalisme japonais

Pour la première fois en France, une rétrospective de l’œuvre du photographe japonais Ken Domon (1909-1990), précurseur de la photographie réaliste contemporaine japonaise sera présentée à Paris à la Maison de la culture du Japon. Cette exposition, accompagnée d’un très beau livre suit la carrière de ce photojournaliste et portraitiste et révèle sa fascination et sa passion pour l’héritage culturel et architectural de son pays. Avec plus d’une centaine d’images en noir et blanc et couleur, découvrez le travail de ce photographe humaniste qui a influencé considérablement la manière dont on a perçu le Japon d’après-guerre. S.E.

Le maître du réalisme japonais

Maison de la culture du Japon à Paris, du 26 avril au 13 juillet 2023. 

Carrefour à Ginza 4-chôme, Tokyo, 1946 Ken Domon Museum of Photography
Carrefour à Ginza 4-chôme, Tokyo, 1946 Ken Domon Museum of Photography

L’exposition du printemps-été 2023 de la Maison de la culture du Japon à Paris est la première en France consacrée à l’une des figures les plus marquantes de l’histoire de la photographie japonaise : Ken Domon (1909-1990). Elle réunit une centaine d’images de ce pionnier de la photographie réaliste, produites entre les années 1930 et 1970, révélant les multiples facettes de son travail : son approche du photojournalisme au début de sa carrière, le tournant vers la photographie de propagande dans les années 1930, puis sa fascination pour les anciens temples et la sculpture bouddhique, ses touchants portraits d’enfants des rues et de célébrités et son témoignage bouleversant sur Hiroshima.

Le Dôme de la bombe atomique et la rivière Motoyasu photographie de la série Hiroshima, 1957 Ken Domon Museum of PhotographyLe Dôme de la bombe atomique et la rivière Motoyasu photographie de la série Hiroshima, 1957 Ken Domon Museum of Photography

L’œuvre de Ken Domon a durablement marqué l’histoire de la photographie au Japon en posant les bases de la création photographique contemporaine, au point d’être, aujourd’hui encore, considéré comme une référence incontournable. Domon a cherché pendant toute sa vie à obtenir les images les plus réalistes qui soient, sans verser dans un quelconque misérabilisme. avec son regard, sans filtres, qui se posait sur la société en général et sur la vie quotidienne : La réalité sociale du quotidien s’impose au moins autant à moi que les traditions ou la culture antique de Nara et de Kyoto ; le point commun de mon intérêt pour ces deux sujets, c’est ma tentative de comprendre le lien que ces réalités ont avec la destinée des Japonais, leur colère, leur tristesse, leur joie attestait Ken Domon.

Enfants faisant tourner des parapluies, Ogôchimura photographie de la série Enfants, vers 1937 Ken Domon Museum of PhotographyEnfants faisant tourner des parapluies, Ogôchimura photographie de la série Enfants, vers 1937 Ken Domon Museum of Photography

Ce réalisme est incontestablement le fil conducteur de l’exposition qui, s'attache à retracer l’ambitieux parcours emprunté par Domon pour saisir la culture japonaise dans son ensemble. Elle donne notamment à découvrir les deux reportages qui traduisent le plus nettement le réalisme social caractéristique de son travail, soit : Hiroshima (1958), considéré par le prix Nobel Kenzaburô Ôe comme la première œuvre d'art contemporain inspirée par la bombe atomique à traiter des vivants et non des morts, et Les enfants de Chikuhô (1960), une série photographique qui témoigne de la pauvreté qui ronge les villages miniers du Sud du pays, en se focalisant sur la vie des enfants des rues. Ken Domon est devenu le chef de file de la photographie réaliste au Japon dans les années 1950. Il a certainement été influencé par de grands photographes occidentaux tels que Cartier-Bresson et Eugene Smith, aux côtés desquels il expose à Tokyo en 1951 et 1953.

Yoshiko Yamaguchi (actrice), 1952 Ken Domon Museum of Photography Yoshiko Yamaguchi (actrice), 1952 Ken Domon Museum of Photography

La série Portraits révèle aux visiteurs les visages de personnalités dans différents domaines - artistique, littéraire, culturel ou scientifique - comme les écrivains Yukio Mishima et Jun.ichirô Tanizaki, les artistes Foujita, Tarô Okamoto et Yûsaku Kamekura, le réalisateur Yasujirô Ozu ou encore l’acteur Toshirô Mifune.

Tsuguharu Foujita (peintre), 1948 Ken Domon Museum of PhotographyTsuguharu Foujita (peintre), 1948 Ken Domon Museum of Photography

La dernière partie de l’exposition est quant à elle consacrée à la série photographique la plus longue de Domon, Pèlerinage aux temples anciens, un recueil d’images de statues et d’architecture bouddhiques, de trésors cachés et de paysages discrets, immortalisés au cours de voyages à travers le pays alors qu’il cherchait à capter la beauté des lieux sacrés des temps anciens.

Les mille torii du sanctuaire Fushimi Inari, Kyoto, 1962 Ken Domon Museum of PhotographyLes mille torii du sanctuaire Fushimi Inari, Kyoto, 1962 Ken Domon Museum of Photography

On peut parler de l’œuvre de Ken Domon comme d’une autobiographie, d’une documentation personnelle, plutôt que sociale, qui traduit son souci constant de fixer sur la pellicule un moment de dialogue avec le sujet. Son regard fixé sur ce dernier, qu’il s’agisse d’un paysage, d’une sculpture, d’une personne ou d’un objet, agit comme le révélateur d’une beauté universelle vue à travers un objectif qui n’ignore aucune des caractéristiques physiques de la forme représentée précise la commissaire, Rossella Menegazzo.

Ken Domon n’avait que très rarement été exposé à l’étranger : en Allemagne en 1990 et en Italie en 2016. Il n’avait jamais bénéficié d’une vitrine en France et cette exposition à la Maison de la culture du Japon à Paris permet de mettre en exergue le fait que Domon, avec le concours d’amis et de personnalités du milieu artistique comme Yûsaku Kamekura et Sôfû Teshigahara, a su initier dans les années 1950 une véritable transition culturelle, écartant définitivement l’esprit de défaite pour donner naissance à une esthétique contemporaine japonaise.

Pierres dans l’étang Kongôchi du jardin du temple Saihô-ji, Kyoto, 1963 Ken Domon Museum of PhotographyPierres dans l’étang Kongôchi du jardin du temple Saihô-ji, Kyoto, 1963 Ken Domon Museum of Photography

Cette exposition est accompagnée d’un magnifique livre : KEN DOMON le maître du réalisme japonais, aux éditions SKIRA

Commissariat : Rossella Menegazzo, professeure d’histoire de l’art de l'Asie Orientale à l’Université de Milan Avec le soutien de : Ken Domon Museum of Photography, MondoMostre
Avec le concours de : Association pour la MCJP

Maison de la culture du Japon à Paris

101 bis, quai Jacques Chirac 75015 Paris / Métro Bir-Hakeim / RER Champ de Mars

Tél. 01 44 37 95 00/01

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Horaires 

Mardi - Samedi de 11h à 19h

Fermé les jours fériés

Entrée libre