L’Académie des beaux-arts rend hommage à Bruno Barbey (1941-2020)

À travers cette exposition Bruno Barbey nous promène le long des routes de campagne et dans les ruelles des villes d’une Italie des années 1960. Jeune photographe, il a sillonné le pays avec son œil observateur et curieux, captant sa quintessence, si riche en moments insolites et étonnants de la vie des gens au quotidien. Une soixantaine de photos en noir et blanc choisies par lui quelque temps avant sa disparition en 2020. En même temps que « Les italiens », le Chengdu Contemporary Image Museum présente un autre volet de l’œuvre de Barbey de ses nombreux voyages en Chine. Un double hommage au travail de ce grand photographe de Magnum. S.E.

Exposition « Les Italiens »

Pavillon Comtesse de Caen, Palais de l’institut de France, du 11 mai au 2 juillet 2023.

Photographie de trois hommes vêtus de costume trois piècesSicile, 1966 © Bruno Barbey / Magnum

En 1962, Bruno Barbey, âgé de 21 ans, décide de parcourir l’Italie avec l’idée de « capter par l’image l’esprit d’une nation » et de réaliser un portrait de ses habitants.

À l’aube des années 1960, les traumatismes de la guerre commencent à s’estomper tandis que se fait jour le rêve d’une Italie nouvelle. Ce n’est plus tout à fait celle dépeinte par les cinéastes du néo-réalisme. On commence à croire au « miracle économique » et Bruno Barbey est l’un des premiers à enregistrer ce moment de transition historique. Du Nord au Sud, d’Est en Ouest, il photographie toutes les classes sociales : des ragazzi aux aristocrates en passant par les religieuses, les mendiants, les prostituées... Son regard lucide mais toujours bienveillant saisit une réalité mouvante et éclairée d’un jour nouveau ces Italiens si proches et si lointains.

Photographie d'un homme allongé sur le capot d'une voitureRome, 1964 © Bruno Barbey / Magnum

Ce travail photographique est repéré par l’éditeur Robert Delpire qui décide d’éditer un livre dans la collection l’« Encyclopédie essentielle » où figurent déjà l’ouvrage de Robert Frank Les Américains (1958) et celui de René Burri Les Allemands (1962). Le livre ne se fera finalement pas. Il faudra attendre 2002 pour qu’une première édition rassemble ces images d’une Italie qui n’existe plus. La seconde édition est parue en novembre 2022 aux éditions delpire & co.

Photographie d'un couple assis sur un muretRome, 1964 © Bruno Barbey / Magnum

« Dresser par l’image le portrait des Italiens était donc l’ambition de ce projet... J’ai pour cela sillonné l’Italie du Nord au Sud... Rien d’encyclopédique dans ces voyages successifs mais un périple affectif, à l’image d’un pays dont la fantaisie défie toute méthodologie. » - Bruno Barbey

Photographie d'un homme allongé dans son lit Naples, 1966 © Bruno Barbey / Magnum

Cette exposition présente une soixantaine de tirages choisis personnellement par Bruno Barbey très peu de temps avant sa disparition.

Le commissariat de l’exposition est assuré par Caroline Thiénot-Barbey et Jean-Luc Monterosso.

Photographie d'une dame dans une rue Rome, 1966 ©Bruno Barbey / Magnum

Bruno Barbey 1941-2020

Franco-suisse né au Maroc, Bruno Barbey commence des études de photographie et d’art graphique en 1959 à l’École des Arts et Métiers de Vevey (Suisse). Son reportage remarqué sur les Italiens réalisé entre 1961 et 1964 lui permet de rencontrer Marc Riboud et Henri Cartier Bresson et d’établir ses premiers contacts avec l’agence Magnum Photos, dont il deviendra en 1978 le vice-président. De retour à Paris, il photographie les révoltes étudiantes du mois de mai 1968. La décennie suivante le conduit dans le monde entier pour couvrir de nombreux conflits majeurs du XXe siècle au Nigeria, au Vietnam, au Moyen-Orient, au Bangladesh, au Cambodge, en Irlande du Nord, en Irak, en Pologne et au Koweït.

Revenant souvent sur les lieux de ses premiers reportages, parfois dix ou trente ans après, il saisit un monde en marche. Pour lui, la photographie se fait souvent travail de mémoire.

En 1992, il est élu président de Magnum International, poste qu’il occupe jusqu’en 1995. Le Petit Palais - Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, organise en 1999 une importante exposition de ses photographies prises au Maroc sur une période de trente ans. En 2015-2016, la Maison Européenne de la Photographie à Paris lui dédie une grande rétrospective « Passages », qui a été présentée dans de nombreux musées européens. Son travail photographique en couleurs sur la Chine, « Color of China », est présenté en 2019 au Musée national de Pékin.

Bruno Barbey a reçu de nombreuses récompenses pour son travail. Il est l’auteur d’une trentaine de livres et a collaboré avec des auteurs tels que Jean Genet, Dom Moraes, Milosz, Bernard Guetta, Tahar Ben Jelloun, Jean-Marie Gustave Le Clézio, Philippe Tesson. Ses photographies sont exposées dans le monde entier et figurent dans de nombreuses collections de musées.

Bruno Barbey avait été élu membre de la section de photographie de l’Académie des beaux-arts le 13 avril 2016. Il était chevalier dans l’ordre national du Mérite.

Dates et horaires d’ouverture

Pavillon Comtesse de Caen de l’Académie des beaux-arts, (Palais de l’Institut de France, 27 quai de Conti, Paris VIe). 

  • Du 11 mai au 2 juillet 2023.
  • Exposition ouverte du mardi au dimanche de 11 heures à 18 heures Entrée libre et gratuite.
  • Vernissage presse de l’exposition le mardi 16 mai à 9 heures 30 Vernissage public le mardi 16 mai à 18 heures.

L’Académie des beaux-arts est l’une des cinq académies composant l’Institut de France. Réunissant 67 membres, 16 membres associés étrangers et 67 correspondants, elle veille à la défense du patrimoine culturel français et encourage la création artistique dans toutes ses expressions en soutenant de très nombreux artistes et associations par l’organisation de concours, l’attribution de prix, le financement de résidences d’artistes et l’octroi de subventions à des projets et manifestations de nature artistique.

Instance consultative auprès des pouvoirs publics, l’Académie des beaux-arts conduit également une activité de réflexion sur les questions d’ordre artistique.

Elle entretient en outre une politique active de partenariats avec un important réseau d’institutions culturelles et de mécènes.

Afin de mener à bien ces missions, l’Académie des beaux-arts gère son patrimoine constitué de dons et legs, mais également d’importants sites culturels tels que le Musée Marmottan Monet (Paris), la Villa et la Bibliothèque Marmottan (Boulogne-Billancourt), la Maison et les jardins de Claude Monet (Giverny), la Villa et les jardins Ephrussi de Rothschild (Saint-Jean-Cap-Ferrat), la Maison-atelier Lurçat (Paris), la Villa Dufraine (Chars) et la Galerie Vivienne (Paris) dont elle est copropriétaire.