Portraits Lauréats Zooms 2017

Les gagnants 2017

Découvrez les 2 lauréats des Zooms 2017 du Salon de la Photo

Zoom 2017 du Public - Céline JENTZSCH 

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Présentée par Vincent Trujillo - Le Monde de la Photo

Biographie
« UNIR » l'art du voyage et le voyage dans l'art photographique, telle est la devise de Céline Jentzsch ! 
« Essayer en quelques lignes de me présenter est une « épreuve » non photographique ! Mais je vais tenter de relever le défi. En effet, à l'instar de mes collègues photographes, il est toujours difficile d’appréhender le parcours sinueux et néanmoins intelligible qui guide vers cette passion qui est mienne depuis déjà plusieurs années.
Je pourrais comparer ce cheminement à une sorte de puzzle où chaque pièce s'imbrique parfaitement, pour peu qu'on y prête attention et qu'on observe patiemment : la première pièce, puisqu'il en faut bien une, est la peinture que j'ai pratiquée à l'adolescence et m'a offert le goût de l'esthétique, la notion du cadrage et la sensibilité à tout ce qui est visuel ; puis plus tard mes études universitaires de langues étrangères qui m'ont ouvertes aux autres cultures et enfin, ma carrière professionnelle dans le secteur de l'aéronautique qui m'a donné l'inclination aux voyages.
Après avoir parcouru une vingtaine de pays, c'est la rencontre avec le Grand Nord. Un déclic se produit en dépassant le cercle polaire lors d'un voyage en Norvège pour admirer les aurores boréales, je fus fascinée par cette lumière si particulière et envoûtée par la pureté des grands espaces enneigés.
Parcourir le monde avec comme fidèle compagnon un appareil photo me permet d’ « Unir » les personnes que je rencontre avec celles qui regarderont mes photographies. »
Et le pari est réussi avec cette voyageuse-photographe ou photographe-voyageuse, tant ces deux concepts sont intimement liés pour Céline Jentzsch.
Son travail commence à être exposé régulièrement. La reconnaissance suit. En 2016, elle reçoit le premier prix au concours international Memorial Maria Luisa (Espagne, catégorie Homme dans la Nature) puis la médaille d’or au concours Trierenberg Super Circuit (Autriche, catégorie Photo de voyage) et la médaille d’argent au concours OASIS (Italie, catégorie Personnes et Populations).
Une pièce après l'autre, un voyage après l'autre, ainsi se construit le destin de cette photographe : une « passeuse », qui tente d’« Unir » également l'âme de la voyageuse et celle de l'artiste.

Eloge
Lorsque je rencontre Céline, il y a quelques années, sur le salon de la photo, je fais connaissance avec une grande voyageuse. Son regard s’illumine à l’évocation des destinations que nous connaissons tous les deux, et sur lesquelles nous partageons quelques anecdotes. Je suis tout de suite sensible à sa démarche qui s’inscrit viscéralement dans le désir d’aller à la rencontre de l’autre, de se nourrir de l’émotion de ces moments où deux cultures se rencontrent. Je suis loin d’imaginer quelques années plus tard que la photographie est en passe de devenir son métier. Et pourtant, avec le recul, comment ne pas imaginer la logique implacable de ce parcours. La photographie s’est imposée naturellement et lentement pour donner un sens et une trace à cette passeuse de frontières. Parmi les endroits du monde qu’elle affectionne, la Mongolie tient une place particulière. Elle y réalisera plusieurs voyages au long cours. Passé de l’autre côté du miroir, je suis encore sur mes gardes quand Céline me propose de voir un récent travail (2015) sur des éleveurs de rennes : les Tsaatans. J’ai peur que l’innocence de nos premiers échanges disparaisse à la vue d’un sujet éculé, déjà vu. Les Évènes, les Sami, les Nénètses ont déjà rempli les pages de papier glacé de nombreux magazines et l’imaginaire des mémoires collectives, et c’est désormais en tant que photographe et éditeur que nous nous revoyons. En découvrant ses images en noir et blanc sur cette communauté qui vit en Mongolie, Céline réussit immédiatement à me transporter avec elle dans ce camp et la rudesse d’un hiver à l’Est. Je me surprends à redécouvrir ce mode de vie. Cliché après cliché, je savoure la narration picturale, ce traitement noir et blanc singulier, cette sensibilité des regards, cette humanité des visages, la simplicité d’un quotidien et de gestes immuables, ces lumières crayeuses. Cette parole visuelle démontre une symbiose et une joie de vivre palpables. C’est tout simplement un travail de photo reportage magnifique, juste et puissant. Je n’ai jamais eu l’occasion de voyager en Mongolie, mais je ne serai jamais assez reconnaissant à Céline, de m’avoir permis, le temps de quelques instantanés, de faire ce voyage par procuration. Ainsi j’ai pu, moi aussi, marcher aux côtés de ces Tsaatans, embrasser la rudesse de l’hiver mongol, veiller sur des rennes sauvages ou éprouver la frugalité de moments simples au cœur de la nature. Ce fut un voyage imaginaire vibrant. La photographie a quelque pouvoir mystique et Céline, le temps d’un hiver, s’est muée en une de ses dignes prêtresses. Bravo !

Zoom 2017 de la Presse Photo : Rudy BOYER

AGRANDIR LES PHOTOS

Présenté par Yann Garret - Réponses Photo

Biographie
Rudy Boyer, 33 ans, jeune père de trois enfants vivant à Nice, est responsable de laboratoire d’analyse de béton dans le secteur du bâtiment. Mais depuis 2013, dès qu’il en trouve le temps (il est aussi musicien !), Rudy photographie les rues de sa ville et de sa région d’une façon remarquable, peaufinant son style au fil des mois. Il utilise la lumière et la géométrie urbaine pour composer des images complexes, pleines de surprises. Autodidacte, résolument non professionnel dans son approche de la photographie (« Pour moi, l’appareil photo, c’est comme un jouet de grand enfant, pas un outil de travail », dit-il), il fréquente davantage les groupes de « street photographers » sur Internet que les milieux artistiques et avance dans sa pratique sans plan de carrière, poussé seulement par le plaisir. Une exposition de son travail à la bibliothèque municipale de Menton en 2015 lui a toutefois donné goût à l’expérience et aux rencontres, qu’il aimerait prolonger par la création d’un collectif de photographes méditerranéen.

Eloge
Faire surgir l’insolite et la poésie du quotidien le plus trivial, c’est le pari du photographe de rue. Un pari difficile à réussir tant il recèle de nombreux écueils, aussi bien techniques qu’esthétiques. Les photographies de rue de Rudy Boyer sont remarquables par la maîtrise, la cohérence et l’audace dont elles témoignent. Avec Nice et sa région pour terrain de jeu, Rudy en exploite à merveille la lumière et les couleurs, sans jamais tomber dans le piège d’un formalisme gratuit. Par ses compositions puissantes, par la proximité permanente des corps, par la radicalité des clairs-obscurs, par le dynamisme des mouvements qu’il capte, il parvient à dessiner le portrait amoureux et multiple de sa ville et de ceux qui y vivent.