Yann RENOULT
Il n’y a pas que des hasards en photographie. Il faut savoir être là au bon endroit au bon moment. Mais aussi être opportuniste. C’est ce que Yann Renoult, enseignant dans le civil, sait inconsciemment, derrière sa timidité. Il y a quelques mois, il prend contact par email avec la rédaction en proposant un reportage de Polka sur des forçats du pétrole, des hommes et des adolescents, qui travaillent dans des raffineries clandestines en Syrie, à quelques kilomètres de la guerre et de la menace de Daech. En un clin d’œil, nous avons été captivé par l’impact visuel de sa série avec ces gueules noires et ces fumées qui s’échappent des feux du pétrole pour raffiner l’or noir brut. L’ambiance de ce reportage est apocalyptique et l’on mesure les terribles conséquences sur la santé des habitants et sur l’environnement. Avec franchise, Yann a été transparent sur les difficultés a réalisé ce sujet et le peu de temps dont il a disposé. Nous avons publié son témoignage, précieux, rare. Depuis, nous avons découvert son engagement envers une photographie humaniste au côté des victimes des grands drames contemporains au Moyen-Orient. Il s’est notamment intéressé aux réfugiés palestiniens et au Kurdistan syrien, où il s’est rendu plusieurs fois en 2014. Yann fait parti de ces photographes émergents, qui ont la passion chevillée au corps. « Je compte continuer à prendre régulièrement des congés de longue durée, bien au-delà des périodes de vacances scolaires, pour réaliser des sujets de fond. » Yann sait ce qu’il veut : « Enseigner et informer pour ne pas oublier que des femmes et des hommes luttent et vivent pour leurs libertés et leurs droits. »
Portrait de l'artiste
Breton d'origine, Yann Renoult, 30 ans, est professeur de mathématiques depuis 2009 dans un collège en éducation prioritaire d’Aubervilliers. Mais sa passion c’est la photographie, « un prétexte aux rencontres ». Il a commencé vers 18 ans pour se changer les idées alors qu'il étudiait en classes préparatoires. Un peu plus tard, « Avec le mouvement anti-CPE de 2006, j’ai pris goût au photoreportage. » Puis, il se fait la main en photographiant des concerts de jazz avant de ressentir le besoin de raconter des histoires. Direction la Palestine durant l’été 2011. « Je souhaitais voir de mes propres yeux quelle était la situation là-bas. J’y allais pour des ateliers sténopé avec des enfants dans un camp de réfugiés entre Bethlehem et Hébron. C’est à ce moment que j’ai réalisé que les deux démarches, enseigner et informer, se complétaient. J’ai alors décidé d’essayer de raconter des histoires de manière plus sérieuse. » Depuis, Yann Renoult passe une bonne partie de ses congés au Moyen-Orient, de Gaza à la Syrie en passant par le Kurdistan. Récemment, ses photos ont été publiées dans le « Sunday Times », « La Croix », « l’Humanité dimanche » et Polka. L’agence Wostok Press, qui donne souvent sa chance à de jeunes photographes, diffuse ses images.