Les Zooms 2019

Découvrez la 10e édition des Zooms du Salon de la Photo !

#ZOOMS2019

Afin d’encourager et de mettre en valeur la profession de photographe, le Salon de la Photo a initié en 2010 « LES ZOOMS », deux prix qui sont décernés, l’un par le public, l’autre par la presse spécialisée photo. Les résultats seront proclamés le 30 septembre 2019.

Neuf rédacteurs en chef ou directeurs de rédaction de la presse photo ont désigné chacun un photographe professionnel « émergent » (français ou installé en France), un vrai coup de cœur pour un talent encore peu connu ou pas assez reconnu. Une exposition de 10 photos des 2 lauréats sera organisée au Salon de la Photo 2019. Ils auront, par ailleurs, l’opportunité de montrer leurs travaux en février 2019 au salon CP+ de Yokohama, partenaire du Salon de la Photo depuis plusieurs années. De même, les 2 gagnants japonais des « Zooms CP+ Editors’ Award et Public Award » de 2019 seront eux aussi exposés au Salon de la Photo à Paris. Et, comme l'année dernière, les amoureux français et japonais de la photographie pourront voter pour désigner les vainqueurs des concours de chacun des deux paysAinsi, la plateforme de vote pour les candidats japonais ouvrira du 1er septembre 2019 jusqu'à mi-octobre.

Présidé par la conservatrice générale du Patrimoine, Anne CARTIER-BRESSON, le jury a choisi ses talents :

Boris ALLIN, présenté par Eric KARSENTY, rédacteur en chef du magazine Fisheye

Simon ARCACHE, présenté par Dimitri BECK, directeur de la photo du magazine Polka

Aliocha BOI, présenté par Damien ROUÉ, rédacteur en chef de Phototrend

Martina CIRESE, présentée par Stéphane BRASCA, directeur de la rédaction du magazine de l’air

Vianney LE CAER, présenté par Agnès GREGOIRE, rédactrice en chef du magazine Photo

Jeff LE CARDIET, présenté par Yann GARRET, rédacteur en chef du magazine Réponses Photo

Raphaëlle MONVOISIN, présentée par Vincent TRUJILLO, directeur de la rédaction du magazine Le Monde de la Photo

Diane VO NGOC, présentée par Gérald VIDAMMENT, rédacteur en chef du magazine Compétence Photo

Charles XELOT, présenté par Didier DE FAYS, rédacteur en chef de Photographie.com

 

Fisheye : Boris ALLIN 

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Présenté par Eric KARSENTY - Fisheye

Biographie

Né en 1991 dans le sud de la France, Boris Allin voulait être journaliste dès l’adolescence. On lui conseilla d’exercer sa plume en écrivant sur ce qui lui plaisait, il ouvrit alors un blog sur la musique, cavala dans les concerts de la région, mit en ligne ses commentaires… et s’aperçut vite que sans photo son blog tournait court. Il s’acheta un Nikon D40 et apprit à shooter sur le tas, « une bonne école techniquement, avec des lumières difficiles et des actions rapides », explique-t-il. Boris Allin suivit ensuite une école de journalisme à Marseille, commença à travailler pour des labels musicaux, et monta à Paris en 2014. Un premier portrait du rappeur Médine pour Libération lui permit d’être remarqué et d’enchaîner des commandes pour la presse tout en poursuivant ses travaux personnels. Son Instagram est aujourd’hui suivi par plus de 32 000 personnes.

Éloge

Boris Allin réalise régulièrement des reportages pour le quotidien Libération, ainsi que des travaux pour le monde de la musique ou pour des institutions. La diversité de ses pratiques ne l’empêche pas de revendiquer une forme d’engagement photographique, qui s’incarne particulièrement dans sa couverture du mouvement des Gilets jaunes depuis six mois. Photos d’actus et d’action, mais aussi photos des « temps faibles » qui expriment avec finesse la sensibilité du photographe. « Aujourd’hui, bien souvent s’il n’y a pas de violence dans les manifestations, les gens ne sont pas écoutés. Les luttes sont obligées de se durcir pour se faire entendre, explique-t-il. J’essaie d’être le plus honnête possible. J’aime bien faire des images qui font réfléchir », poursuit Boris Allin.

 

Polka : Simon ARCACHE

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Présenté par Dimitri BECK - Polka

Biographie

La vie de Simon Arcache, né en 1992 à Trappes, dans les Yvelines, est rythmée depuis son enfance par tous les genres musicaux. Au cours d'un master à Sciences Po à Toulouse, le rêve de parcourir les routes américaines du blues l’emmène en Caroline du Nord à l’âge de 20 ans. Son but : aider des musiciens africains-américains de la Music Maker Relief Foundation. En plus de jouer avec des figures du blues, il apprend la photographie, le développement en laboratoire et à tirer ses images grâce au directeur de l’organisation, devenu son mentor. Revenu en France, il continue à vivre de ses deux passions : la musique et la photo.

Éloge

Du blues à la photo, tout est une question de tempo. En 2012, fasciné par les Etats-Unis, le jeune Simon Arcache s’installe en Caroline du Nord pour intégrer l’équipe de la Music Maker Relief Foundation qui vient en aide à des musiciens de blues en situation de précarité. « Là-bas, je me suis découvert une passion pour la photo. Dans le studio d’enregistrement, en sous-sol, surnommé “la grotte”, face aux rangées de guitares, il y avait un laboratoire photo. Dans ce repère, tout était imprégné par la musique et l’odeur du révélateur. C’est en numérisant des milliers de clichés pour la fondation que je me suis éduqué à l’image, sans le savoir. » Pendant l’année qu’il y passe, Simon noue des relations avec de nombreux artistes : Captain Luke, Big Ron Hunter, Algia Mae Hinton... Il joue avec eux et prend le temps de saisir leur portrait, un détail de leur anatomie ou de leur identité, loin de l’ambiance animée des clubs et des « drink houses ». Des portraits et des détails toujours saisis en noir et blanc, parce Simon est daltonien. Avec Ironing Board Sam, il tisse un lien presque familial. Le jeune photographe et le vieux bluesman partent en tournée ensemble, jusqu’en France, avant qu’Ironing Board Sam tombe malade. Simon n’a cessé de le photographier, comme on s’accroche à l’image d’un grand-père dont on souhaite garder la mémoire et le témoignage éternel. Intemporel. Ces images, empreintes de tendresse et étonnantes de maturité, révèlent une grande humanité.

 

Phototrend : Aliocha BOI

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Présenté par Damien ROUÉ - Phototrend

Biographie

Aliocha Boi est un photographe franco-canado-italien de 28 ans. La matière première de sa photographie provient de l’environnement urbain. C’est la ville dans toute sa diversité et la manière dont elle évolue qui l’intéresse. Porté de plus en plus vers une approche documentaire, son travail est le résultat de rencontres fortuites, d'explorations quotidiennes et une réelle fascination pour « l’humain ». La disposition de ses photographies suit en général un principe de séquence narrative, avec l’incorporation de textes plus ou moins courts, sous la forme de récits.

Éloge

À la croisée entre la photographie de rue et le voyage, le travail d’Aliocha Boi nous donne à voir un spectacle coloré fait d’instants de tous les jours. Jouant soigneusement avec les ombres et la lumière, le jeune photographe réussit à capter l’atmosphère de Cuba, très loin des clichés touristiques habituels. Il porte un œil curieux sur le monde qu’il découvre lors de ses voyages, mais aussi sur son quotidien parisien. « La photographie est l’art de l’observation » disait Elliott Erwitt, et Aliocha Boi réussit cette alchimie en nous livrant son regard aiguisé sur la société.

 

De l'air : Martina CIRESE

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Présentée par Stéphane BRASCA - De l'air

Biographie

Martina Cirese, née à Rome en 1988, est basée à Paris depuis trois ans. C'est à la Sorbonne qu'elle a glané un master en Histoire Contemporaine après avoir suivi plus tôt une photographique à l’ISFCI de Rome. Cette jeune photographe italienne a passé aussi un an à la célèbre Fabrica de Benetton à Trévise.

Elle partage son activité professionnelle entre piges pour la presse notamment italienne et travail personnel. 

Éloge

Martina Cirese est atypique en ces temps où il semble falloir choisir son camp et se revendiquer comme reporter ou artiste ou plasticien ou encore paysagiste etc. Martina ne se pose pas ce genre de question et s'impose simplement comme une photographe. Point.

Son style, et cela me semble le plus important (d'en avoir), balaie tous les champs du medium. Cette jeune italienne passe avec aisance du monde de la presse (elle fait du reportage, publie dans la presse italienne et anglaise) à un univers plus personnel, plus introspectif, plus artistique. Quand elle ne combine pas les deux (le perso et le reporto), unis par les liens d'une écriture forte. "Female Fightclub Berlin" traduit parfaitement son parti pris. Ce club de Berlin dirigé par Anna Konda, plus de 100 kg de muscle, rassemble des femmes qui apprennent d'abord à s'auto-défendre. Il est aussi fréquenté par des hommes qui ont envie de se faire mal... Anna Konda est en effet aussi une dominatrice célèbre en Allemagne.

Ce travail, en couleur et en cours, synthétise les particularités de cette photographe émergente: sa passion du terrain, son attrait pour les mondes marginaux, son souhait de montrer les femmes, plutôt combattante. Sa photographie n'est pas soignée, elle est sans fard au contraire. Elle ne met pas en scène alors que les habitués du club sont de véritables personnages. Elle propose un reportage mais ne construit pas une histoire linéaire. Cette démarche m'a plu, je l'ai d'ailleurs retrouvé dans d'autres sujets traités par Martina. Elle préfigure une véritable écriture... la quintessence du photographe, quelque soit son domaine... 

 

Photo Magazine: Vianney LE CAER

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Présenté par Agnès GREGOIRE - Photo magazine

Biographie

Vianney Le Caer est un photojournaliste freelance français né en 1987. Il a suivi des cours de droit et les Sciences Politiques à l'Université de Rennes, dont plusieurs mois d'études à l'Université de Marmara à Istanbul, en Turquie. Il valide son Master en Sciences Politiques entre la France et le Vietnam avant de se tourner vers le photojournalisme. En 2014, il est diplômé du London College of Communication en Photojournalisme et Photographie documentaire.
Son travail, notamment pour AP, l’entraîne sur des reportages au Moyen-Orient, aux Caraïbes ou en Afrique centrale mais aussi, dans un tout autre genre, sur des portraits de célébrités à Londres et dans l’univers de la publicité.
S’il fait preuve d’un intérêt marqué pour l’actualité et la géopolitique, de par sa formation universitaire qui lui permet d’avoir une vision experte et concernée sur les grands problèmes mondiaux,, Vianney Le Caer est aussi un adepte de la photographie d'actualité locale. Ses compétences comprennent également le montage vidéo et multimédia, avec une expérience chez Thomson Reuters.
Il a travaillé dans des situations de conflit documentant la révolution ukrainienne, les retombées des conflits irakien et syrien, ainsi que plusieurs reportages au Liban, en République démocratique du Congo, en Haïti et en Europe de l'Est.

Vianney Le Caer a également collaboré avec diverses ONG et organisations à but non lucratif telles que Peace One Day, Artistes pour la paix et la justice, Action contre la faim, Amnesty International et le Comité de secours aux sinistrés. C’est un collaborateur régulier du collectif de photojournalisme Dysturb.

Éloge

Assister à la naissance d’une écriture est une chose rare et un grand privilège. C’est ce que nous offre aujourd’hui Vianney Le Caer.

Ce photographe français d’une trentaine d’années a complété son master en Sciences Politiques par un diplôme du London College of Communication en photojournalisme et photographie documentaire. Depuis une dizaine d’années, il s’est mis en freelance au service de l’agence de presse AP pour rapporter des images d’actualité et réaliser des portraits de stars. Vianney Le Caer s’est également constitué, à Londres où il vit, un réseau de commanditaires dans la publicité. Dans les deux cas, il se doit de répondre aux exigences qu’imposent les deux pratiques.

Puis tout à coup, en 2015, Vianney a un choc. Il est à Beyrouth pour documenter la crise des réfugiés syriens. Sur la corniche, des hommes bodybuildés, en maillot de bain, bronzent, prient et fument la chicha. Ce sont des musulmans et leur exhibition improbable intrigue le journaliste. Il s’en rapproche, sympathise, et en même temps qu’il décèle le plaisir que prennent ces hommes à être face à son objectif, il découvre le plaisir de photographier sans contrainte, libre, juste pour lui, pour eux. Pour personne ou peut-être pour tout le monde ! Ses images vont être remarquées par l’Institut des Cultures d’Islam et rejoindront l’exposition collective C’est Beyrouth !

Cette première reconnaissance le conforte dans l’appropriation de son propre style. Si le regard des photographes Alex Webb ou Martin Parr l’accompagne en chemin, c’est dans le sillage d’Harry Gruyaert qu’il part pour le Maroc. Le pays devient le terrain de ses recherches personnelles, à la poursuite de la lumière et des ombres, enregistrant scènes quotidiennes et impressions chromatiques. Là, il s’exerce avec délice aux pleins et aux déliés de sa nouvelle écriture photographique. Ici, il traque et peaufine les angles singuliers, les clairs-obscurs, les couleurs, les contrastes… et documente la vie avec son propre style.

Vianney Le Caer nous dévoile ici les premières images de ce travail en cours. PHOTO tenait à partager avec vous l’émotion que provoque son talent et le plaisir d’accompagner un grand photographe en devenir.

 

Réponses photo : Jeff LE CARDIET

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Présenté par Yann GARRET - Réponses photo

Biographie

Né en 1984 dans une famille franco-malgache, Jeff Le Cardiet passe les premières années de sa vie sur l’île de la Grande Comore, grandit à Avignon, puis passe 5 ans à Montréal où il fait des études de commerce. Il travaille dans l’hôtellerie, puis dans la rénovation de bâtiments, mais cherche d’autres façons de s’épanouir. C’est lors d’un premier voyage personnel en Ethiopie en 2016 qu’il décide de se consacrer à la photographie. L’Éthiopie, avec sa culture et ses légendes, lui ouvre l’esprit, éveille sa curiosité, révèle son désir d’expression artistique. Il commence alors une série en noir et blanc sur Kazanchis, un quartier populaire de la capitale Addis-Abeba. Après plusieurs modules de formation aux Gobelins, à Louis Lumière et à l’ENSP Arles, Jeff met alors en pratique ses acquis pour révéler ce qui l’entoure, se confronter à l’imprévu, échanger sur le terrain, puis fixer l’instant pour partager son regard et ses expériences. Il retourne en Ethiopie pour finaliser la série. Une nuit, par hasard, la lumière des échoppes attire son regard, et il commence en parallèle cette nouvelle série en couleurs, qui marque sa première année d’activité en tant que photographe-auteur.

Éloge

À la nuit tombée, les ruelles sombres d’Addis-Abeba s’illuminent d’une myriade de petites échoppes où l’on trouve de tout. À la recherche de ces îlots de lumière, Jeff Le Cardiet a arpenté les quartiers populaires de la capitale éthiopienne pour en dresser un portrait aussi original que graphique. Il en a fait un livre autoédité, Addis Ababa Mata Souks, qui a immédiatement séduit la rédaction de Réponses Photo par son approche à la fois artistique et documentaire. Chaque scène capturée semble ouvrir le rideau d’un petit théâtre, où l’on observe des bribes de vie quotidienne, loin des chantiers de construction démesurés qui transforment cette ville soumise à de grandes tensions mais en développement rapide.  

 

Le monde de la photo : Raphaëlle MONVOISIN

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Présentée par Vincent TRUJILLO - Le monde de la photo 

Biographie

Originaire du sud-ouest, son enfance fut marquée par l'exploration en solitaire des forêts de pins vertigineux. Raphaëlle Monvoisin puise son inspiration et forge son imaginaire dans la beauté de la nature qui l'entoure. À la recherche d'atmosphères envoûtantes et de lumières singulières, elle capture l'essence des grands espaces et l’émotion d'instants suspendus, mêlant photographie de nature, portrait et onirisme. Elle trouve en la photographie la liberté d'un moyen d'expression introspectif et poétique, animée par la volonté de raconter des histoires d'ombre et de lumière. Fascinée par les territoires du Nord, elle explore la Laponie sous son manteau d'hiver, et suite à ce voyage qui la marque profondément, elle décide de quitter le tumulte de la vie parisienne pour s'installer sur l’île de feu et de glace, l'Islande, en quête d'ambiances intenses et d’émotions nouvelles. Designer de formation, elle travaille en tant que directrice artistique dans une agence de publicité située à Reykjavik.

Éloge

Raphaëlle Monvoisin est l’histoire merveilleuse d’une rencontre entre un lecteur et une rédaction. Un concours photo, un dossier lumineux et singulier, un verdict unanime, et une aventure totale et enivrante partagée aux confins du cercle polaire, en Laponie. Ça crée forcément des liens et surtout l’envie que ce heureux hasard ne se résume pas qu’à cette simple parenthèse enchantée d’une épopée mémorable mais éphémère. Nous avions été fortement touchés par son dossier de candidature, comme transpercés par cet univers onirique et poétique qui se dégage de ses clichés. Il est surprenant de voir cette signature transparaître dans chacune de ses séries avec la même force introspective et la même puissance visuelle. Son travail se reconnaît entre mille. Cette persistance des sens qu’intime la photographie de Raphaëlle révèle une auteure inspirée et atypique. Il y a toujours cette nature omniprésente au sein de laquelle elle semble puiser une inspiration exaltante. Chacune de ses images révèle un délicat mélange de couleurs, de lumières captées subrepticement, d’ombres judicieusement marquées qui nous plonge dans une atmosphère irréelle, presque indescriptible, le sentiment d’un ailleurs idéal. Peut-être a t-elle le pouvoir de nous faire rêver les yeux grand ouverts ? On a envie d’y croire, instinctivement (naïvement diront certains…) car on se sent transporté; comme si elle ouvrait la porte d’un monde invisible aux plus communs d’entre nous. Sa photographie est aussi teintée d’une mélancolie cachée, d’un instant furtif (perdu ?) née d’une connexion bafouée avec notre planète. Son travail n’est pas que beau ( cela ne suffirait pas !), il dit beaucoup de choses sur le monde et sa cavalcade insensée. C’est là que réside certainement la magie qu’on ressent en regardant ses photographies. À bien des égards elle me fait penser spontanément au Petit Prince de Saint-Exupéry. Elle met en image, et à sa façon, les mots de l’illustre aviateur lunaire, exprimant, tout comme lui, un message qui dépasse le divertissement d’un conte. Nous cultivons depuis ces moments une relation forte avec Raphaëlle qui nous conduit à partager ce destin, initié sur une frontière gelée. À l’occasion de ces Zooms 2019, nous vous invitons à partager et à célébrer cet envoûtement vivifiant en votant pour cette jeune photographe talentueuse.

 

 

Compétence photo : Diane VO NGOC

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Présentée par Gérald VIDAMMENT - Compétence photo

Biographie

Après des débuts en numérique, Diane Vo Ngoc fut rapidement fascinée par l’approche différente de la prise de vue à la chambre. Sa chambre photographique et ses films Polaroid l’accompagnent depuis 2012 dans ses découvertes et expérimentations. De par l’histoire de sa famille liée à la guerre du Viêt Nam, elle aime traduire à travers ses images le profit du dialogue et du pont entre les cultures. Explorer des histoires d’ailleurs par ses voyages et rencontres et valoriser des supports de fabrication artisanale occupe une place déterminante dans son travail.

Intitulée Notes traditionnelles du monde, sa première série met en lumière des pratiques musicales de différentes cultures, certaines d’entre elles étant parfois rares et méconnues, d’autres en péril. Sa seconde série, Paper Exploration, est une exploration des coutumes vestimentaires et des papiers du monde entier.

Éloge

À l’origine était l’image, que l’homme réussit dès l’Antiquité à faire apparaître en utilisant une camera obscura, avant de parvenir, plusieurs siècles plus tard, à la fixer durablement sur un support grâce à la ténacité d’inventeurs tels que Nicéphore Niépce.

À l’origine de la série Paper Exploration est, à l’inverse, le papier comme support de transfert d’émulsions réalisées avec une chambre photographique alimentée de films Polaroid périmés ; car depuis plusieurs années, la photographe Diane Vo Ngoc n’a eu de cesse qu’elle parte en quête de papiers artisanaux provenant du monde entier. Fabriqués à partir de pâte de murier, de chiffons en coton, d’écorce de lokta, de farine de riz, de cosses de cacao, de fibres de roseaux, de papyrus ou encore de tissu recyclé, ces papiers aux multiples usages constituent le point de départ de son travail photographique. Il consiste en effet à réaliser, pour chacun d’entre eux, le portrait d’une femme du même pays d’origine et vêtue d’un costume traditionnel, ce dernier étant conservé depuis toujours dans la famille de ce modèle d’un jour.

Au-delà d’une simple galerie de portraits, la série de Diane Vo Ngoc nous invite à découvrir ou redécouvrir les coutumes vestimentaires, d’un continent à l’autre, de l’Angola à la Corée, de la Russie au Pérou, de l’Inde au Japon. Souhaitant nourrir la mémoire du savoir-faire, la photographe bâtit ainsi de véritables passerelles entre les cultures du monde tout en nous sensibilisant à l’importance de leur préservation.

En figeant de la sorte un instant de l’histoire de chacune de ses femmes, de chacun de ces peuples, sur un support unique confectionné à la main, la série Paper Exploration illumine avec délicatesse la fragilité de nos héritages.

 

Photographie.com : Charles XELOT

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Présenté par Didier DE FAYS - Photographie.com

Biographie

Charles Xelot s’intéresse a la notion de limite et de frontière. Il dessine les parallèles et symétries entre des domaines habituellement distincts. Ainsi il s’intéresse à la relation existant entre la religion et le monde technique. À la suite d’une formation scientifique à l’École d’ingénieur en eau et environment de Limoges, il a commencé sa pratique photographique en autodidacte. Il devient assistant pour Ahmet Ertug qui l’initie à la prise de vue à la chambre 8x10. Il voyage en Italie, en Angleterre et apprend la fabrication de livre et l’impression. Charles Xelot s’installe en Russie à la découverte des icônes de la religion orthodoxe. Il utilise ses connaissances pour interroger le monde de l’industrie dans son rapport à l’homme. Sa pratique curieuse l’amène à explorer les changements sociaux et environnementaux aux bords du monde et aux marges de la photographie documentaire et contemporaine.

Éloge

À la ligne de rupture

Raconter l’invisible c’est le rôle du photographe. Charles Xelot est parti aux confins du monde pour en rapporter ses lignes de fractures, pour montrer la violence des derniers rêves d’harmonie maintenant brisés par la réalité humaine.La dernière frontière avant la Lune est à Sabetta, au nord de la Russie. Dans ce lieu de l’extrême, se déroule une ultime pièce de théâtre terrestre. La guerre de la maîtrise de l’énergie rencontre la nature. Celle où l’homme en faisait partie depuis le néolithique. L’issue est prévisible et le symbole du navire nucléaire brisant la glace de la nuit polaire rappelle l’anticipation technologique de Jules Verne.

La volonté de l’industrie y rencontre la vie multi-séculaire des Nenets au Yamal qui signifie le bord du monde dans une langue qui disparaîtra bientôt. Le photographe a documenté la nouvelle limite franchie par les besoins de consommation qui s’appelle le développement pour la société occidentale. Dans le silence de la Toundra, dans ces images, le dernier craquement du monde résonne encore plus fort. L’humanité des Nenets est maintenant domestiquée, liquéfiée à 50% russe, 25% francaise et 25% chinoise. Silencieux, le gaz de l’extrême chauffe les repas des citadins à des millers de kilomètres.

Le décor de la pièce de théâtre est posé dans la glace où les valves des ingénieurs forment le signe de la croix orthodoxe. Les symboles religieux qui accompagnent toujours les conquêtes sont puissants, les cathédrales sont les cuves. Leurs flèches sont les torchères.Cela se passe là-bas et maintenant. Il faut le regard de ce jeune photographe autodidacte pour appréhender le drame qui se répète toujours plus loin depuis Cortez. Les enjeux sont toujours les mêmes. La confiscation d’un territoire, l’éradication culturelle et la domination par le contrôle de l’énergie.L’éthique des Nenets où l’humain vivait dans la nature vivante s’est figée une dernière fois dans les images de Charles Xelot, capturée muette dans les jeux économiques, politiques.

Il est le photographe d’une guerre silencieuse. La domination sur l’Homme asservi par les besoins insatiable de la technologie. À l’épicentre des enjeux contemporain, ces photographies transcendent le témoignage. Elles sont source d'émotions, de réflexion et de spiritualité.

Aurore boréale ou lumières des usines, Charles Xelot met en doute la réalité de la nature. Ses images à la dernière limite terrestre tournent les dernières pages de l’innocence humaine.